Ladj Ly a passé la majorité de son adolescence, une caméra à la main. Issu du quartier de Montfermeil, son plateau de tournage c’était son quartier. À ses débuts, il a fait du copwatching (filmer les interventions policières), sa spécialité pendant 5 ans, jusqu’au jour où l’une de ses vidéos a servi dans une enquête sur une bavure policière. C’est là, qu’il situe le point de départ d’une grande carrière. N’ayant pas les moyens de se payer des études de cinéma, avec sa bande d’amis, ils créent en 1996 le collectif Kourtrajmé. Ils apprennent sur le tas à tourner, monter, fabriquer un film. Avec une simple caméra, Ladj Ly et sa bande s’inspirent de grand cinéaste comme Spike Lee et des films qui les ont marqués comme « Menace 2 Society », « Boyz n the hood », pour tourner leur propre film. Ils n’y connaissent rien au cinéma, mais sont tous animés par la passion du métier.  Ils se font remarquer avec leurs courts-métrages, un temps déjanté, un temps militant.

En 2019, il sort son premier long-métrage : « Les Misérables ». Le film traite des tensions dans les quartiers, sous le prisme d’un policier venu de province. Ce que Ladj Ly a voulu montrer avant tout, c’est que la misère est vécue dans les deux camps : la jeunesse et la police. Remarquablement réalisé, le film a reçu les bonnes critiques des médias et une nomination au festival de Cannes de 2019. Diffusé à l’ouverture du festival, le film recevra le prix du jury, 20 ans après « La Haine » de Mathieu Kassowitz. L’année suivante il recevra quatre Césars, dont un du meilleur film, et sera nommé aux Oscars dans la catégorie du meilleur film international. « C’est un signal fort que ce soit le film « Les Misérables » qui représente la France aux Oscars. »

Ladj Ly, à plus de 20 ans de carrière, est membre du jury pour la 75e édition du festival de Cannes qui se déroule en ce moment. Depuis sa banlieue à Montfermeil, où le jeune Ladj avait peu de moyen mais beaucoup d’idée, il est désormais reconnu dans le monde entier. Avec le collectif Kourtrajmé, il développe une école de cinéma, en France et en Afrique, ouverte à tous, pour pousser les jeunes qui ne partent de rien à suivre son parcours.

Source:  festival-cannes.com / Interview d’Augustin Trapenard pour Canal + (Cannes 2019)
Photo – @BrutXOfficiel